Conférence à la RiAP de Québec 2018
Rencontre internationale d’art performance de Québec
Photo: Julie Phoeung

LES PAYSAGES DE L’ART ACTION AU QUÉBEC
Par Francis O’Shaughnessy

Les artistes du XXIe siècle ont articulé de multiples études sur l’art action ; un genre qui s’est démultiplié en ramifications hétérogènes : l’art relationnel, la manœuvre, le multimédia, le furtif, l’installaction, le reenactment, les actions LGTBQ, l’activisme et les propositions collectives, associatives et clandestines. Ces mouvements de pensées intergénérationnels ont consolidé un engouement croissant pour la performance chez les artistes et le public québécois.

Dans ce texte, nous allons survoler cette pratique entre les années 1998 et 2018 : les pôles majeurs événementiels au Québec, les différents courants de pensée qui caractérisent les genres performatifs, l’institualisation de l’art action et les tendances des cinq dernières années.

LES PÔLES MAJEURS

Depuis les années 1980, la Rencontre internationale d’art performance de Québec (RIAP) a influencé de nombreux artistes, organisateurs et commissaires. Puis, dix plus tard, c’est au tour du mois de la performance (1994-2004) organisé par la Centrale Galerie Powerhouse à Montréal. Cette dernière a élargi la notion d’art action en enracinant l’histoire de la pratique féminine sur la scène artistique. Ayant entretenu et développé des réseaux régionaux, nationaux et internationaux, ces deux organismes ont contribué à ce que le Québec devienne l’une des capitales de la performance.

Dans les années 2000, trois pôls secondaires de l’art action ont émergé ailleurs au Québec : la Biennale du performatif à Rouyn, VIVA art action à Montréal et Art Nomade, rencontre internationale d’art performance au Saguenay. Ces rencontres sont devenues incontournables, si bien qu’elles ont été le tremplin pour de nombreux artistes.

Le CAAVAT (Le Centre des artistes en arts visuels de l’Abitibi-Témiscamingue) a lancé le 1er Festival de performance de Rouyn-Noranda (2002-2004) pour stimuler la création et susciter la rencontre chez les artistes de la relève. Matthieu Dumont et Geneviève Crépeau se sont réapproprié cet événement pour le convertir en Biennale du performatif (2006-). Sa particularité : arrimer la musique, le théâtre et les performances aux ambiances humoristiques et saugrenues. C’est un espace laboratoire de réflexion ouvrant sur des formes d’art diversifiées.

À l’exception du mois de la performance, Diffusion Système Minuit et quelques événements épisodiques, il y a eu peu d’art action sur la scène montréalaise dans les années 1990. Les artistes préféraient se diriger vers la danse, le théâtre et le monde du spectacle[1], c’est-à-dire des pratiques rentables. Patrick Lacasse et Alexis Bellavance ont alors implanté VIVA art action (2006-) dans la métropole pour promouvoir une meilleure appréciation et compréhension des pratiques actuelles en art action. Pour apporter de l’éclectisme, les deux fondateurs se sont liés à des coordonnateurs non hiérarchiques de centres d’artistes : Anne Bertrand (Skol), Mathieu Beauséjour (CLARK), Catherine Bodmer (articule), Jean-Pierre Caissie (DARE-DARE), Aneessa Hashmi (La Centrale), et Geneviève Matteau (Praxis)[2]. Quelques influences dominantes ont guidé le festival : Feminist community, building practices ainsi que les valeurs présentes à la fondation de VIVA.

Art Nomade (AN) est une rencontre internationale d’art performance située au Saguenay (2006)[3]. Cofondé par Étienne Boulanger et Francis O’Shaughnessy, AN voulait intensifier et dynamiser l’art en périphérie des grands centres pour promouvoir l’audace de vivre poétique. AN a développé un important réseau sur le territoire en s’alliant à diverses structures culturelles au Saguenay–Lac-Saint-Jean, au Québec, au Canada et à l’étranger tout en ayant un noyau événementiel au Saguenay.

La performance est une pratique non négligeable dans l’histoire de l’art du Québec. En quête de sens et d’affirmation identitaire, les performeurs ont modifié la perception du faire, de voir et de comprendre le monde par l’intermédiaire d’activités corporelles et de questionnements existentiels.

(…)

CONCLUSION

Depuis plus de 20 ans, le Québec est un phare important en art action et sur la scène internationale vue les multiples activités, échanges, festivals et le nombre croissant d’artistes qui se commettent dans cette discipline marginale. Se poser la question qu’est-ce que la performance revient à se demander qu’est-ce que l’art ? Qu’on le nomme performeur, poète ou artiste, ce qu’ils ont en commun c’est le « construire ». Certains le signent et d’autres se manifestent par effacement. Ce qui reste, c’est la création. La performance est une histoire d’énergie, de volonté et d’accomplissements. Faire de sa vie une œuvre d’art vivante est une déclaration performative continuellement en transformation. L’ADN de l’art action n’est pas encore coagulé surtout avec la diversité des approches et des orientations recensées dans ce texte. Certes, l’art en acte saura toujours nous surprendre et influencer de plus belle les générations à venir

(Extrait seulement)
*La publication de ce texte sortira en 2020: Art Action 1998-2018.

 

[1] Alain-Martin Richard (2001), L’art action au Québec : corps privé et corps public, dans Art Action 1958-1998, éd. Intervention, p. 317-343.

[2] Au fil des années, le festival prit de l’expansion et s’est entouré d’autres partenaires : Artexte, Oboro, Optica, Verticale, Studio 303, FADO, Mobius, Inter, RIAP, RIPA. La Directrice actuelle est Michelle Lacombe. Vivamontréal.org

[3] En 2007 et 2009, Le Lobe était partenaire et producteur de l’événement. Entre 2012 et 2015, Bang, centre d’art actuel fut le coproducteur de la rencontre. Sara Létourneau et Julie André T. se sont jointes à l’équipe AN dès 2009-2013. Artnomadeperformance.ca