Depuis deux ans, j’évolue graduellement vers de la photographie alternative et plasticienne afin de parfaire ma vision du portrait dans le paysage. À la suite d’un cours en photo argentique que j’ai donné au Cégep Marie-Victorin (2017), j’ai développé une méthodologie qui me permet de consacrer davantage de temps à la création qu’à la retouche post-photographique[1]. Chevauchant à la fois l’analogue et le numérique, je raboute, modifie, (dé)construis et (ré)invente des objectifs (des « monolens »[2]). L’élaboration d’une image avec des aberrations spécifiques à ce que je désire m’apporte un sentiment de satisfaction.

Avec ces objets sculpturaux rudimentaires agencés à la main, j’aspire à ériger des photographies aux atmosphères contemplatives, floutées et douces. J’explore les possibilités avec la photographie-poème en édifiant des tirages qui rappellent le pictorialisme et d’autres inspirés des processus artisanaux du XIX^e siècle. Ce projet de longue haleine demeure en chantier jusqu’à ce que j’invente un rendu visuel (non standardisé) qui correspond à ce critère introuvable : arrimer l’effet Petzval (« swirly bokeh »), de solarisation et de Polaroid (« soft focus ») en une épreuve.

Ce projet de recherche-création est une opportunité inestimable pour développer des expériences visuelles par l’entremise de la photographie alternative, indisciplinée et plasticienne. Il s’agit de promouvoir l’identité culturelle d’un « sculpteur de la lumière » qui est à contre-courant des préoccupations actuelles. En mettant en valeur une puissance d’exister qui instaure un climat d’inventivité, de curiosité et de partage, je prétends participer à la « réaurification » de l’image dans les territoires de la photographie expérimentale.

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[1] Dans ma recherche, je fus grandement influencé par les livres : La saga des sténopés (et autres appareils photo à bricoler soi-même) (2004), et Jouer contre les appareils (2017).

[2] Monolens signifie un objectif avec un seul verre optique (« meniscus »). Je rajoute par la suite un diaphragme en papier DIY pour calibrer la lumière et un hélicoïde pour faire mon focus. Enfin je l’adapte pour mon appareil en m42 afin qu’il soit compatible pour le numérique et l’argentique.

OBJECTIFS DE PROJECTEURS ET DE CINÉMA MODIFIÉS

Après quelques mois d’attente, j’ai enfin les pièces pour bricoler l’objectif projecteur soviétique 35KP KO-140 mm (Petzval) à ma Canon. J’ai scié l’arrière de l’objectif (1.4 cm) afin de rapprocher mon sensor de la lentille arrière. J’ai placé 4 bagues pour maintenir l’objectif à la caméra (Rafcamera 62,5 x m65 + hélicoïde m65 à m65 (25-55) + m42 à m65 + adaptateur m42 à EOS). Avec ces paramètres, cet objectif me permet de faire du macro et il est parfait pour le portrait. L’objectif se trouve à 60$ sur eBay.

J’ai acheté l’objectif allemand Kipronar Jena 1.9 140 mm (Carl Zeiss, 1953) modifié par un ami lithuanien: Andrius Maciunas. Il a coupé l’arrière de l’objectif, ce qui me permet de la placer plus proche du capteur de mon appareil photo Canon. Cet objectif ressemble grandement au 35KP KO-140 mm; or, les couleurs sont plus intéressantes. Étant d’origine allemande, l’objectif en soi est 200$.

Je viens de terminer une modification sur une lentille T-3 (2.8 achetée sur eBay à 20$). Je crois que tout le travail que j’ai réalisé n’était pas nécessaire. J’aurais du tenter de l’insérer d’abord dans un tube 14 mm au lieu d’un tube de 7 mm, car il y a plus de jeu dans le tube. J’ai supprimé 9 mm derrière l’objectif. Ce dernier est facile à focuser, il y a un très beau bokeh et les couleurs sont douces!

OBJECTIFS SOVIÉTIQUES MODIFIÉS

En 2017, j’ai acheté cet objectif modifié sur eBay (60$). Il s’agit de deux objectifs soviétiques combinés en un. Nommé monocle, l’Industar 50-2 (5$) fait d’excellentes photos pictorialismes avec un « soft focus ». Techniquement, il faut supprimer toutes les lentilles de l’Industar 50-2 et introduire uniquement une lentille de l’Industar 61 L/D (15$) à l’arrière de l’appareil 50-2.

La même année, j’ai acheté un objectif fabriqué à la main par l’organisme Monolens  (140$). Ce dernier récupère des objectifs soviétiques, les transforme en monocle et insère un verre personnalisé selon les préférences. J’ai été vraiment surpris de la qualité du montage. Le rendu visuel est pictorialisme mélangé à un effet de solarisation selon la prise de vue et le sujet visé. 

Je lisais un article sur la lentille qu’a utilisé le cinéaste Coward Robert Ford pour réaliser les plans avec aberrations dans le film: The Assassination of Jesse James (2007). Il a modifié l’objectif Kinoptic 9.8mm (3000$) en enlevant le premier élément et il l’a remplacé par la lentille avant d’un grand-angle Arris Macros (l’élément avant d’un très grand angle sur un macro) .

Ensuite, je suis tombé sur un article fort intéressant où il y avait des bricoleurs qui ont tenté de trouver le même effet avec d’autres objectifs. On peut y arriver avec la Helios 44 (j’ai expliqué le processus un peu plus bas) et avec la Mir-1B (20$) en inversant tout simplement l’élément premier. Cependant, l’aberration est trop intense à mon goût dans ce dernier.

M’inspirant de l’article en question, j’ai pris l’élément frontal de l’objectif Soligor (35 mm, grand-angle) et je l’ai déposé inversé dans la Mir 1B (37 mm- wide angle) (dans laquelle j’ai enlevé l’élément avant). J’ai ensuite inversé l’élément avant de la Mir-1B et je l’ai placé sur la Soligor. Les deux éléments avant de ces deux objectifs ont un diamètre similaire. Ces type d’objectifs modifié sont nommés :Deakinizers!

La Mir-1B modifiée est géniale, car son bokeh est moins intense en raison de l’élément avant de la Soligor ! Les aberrations sont plus douces et créer un effet de perspective. Elle est idéale pour le portrait.

 La Soligor modifiée a des aberrations prononcées sur les côtés et créer un effet d’étirement . Il y a même de la distorsion; or, le centre est nette. Le portrait est l’idéal.

J’utilise l’objectif soviétique Mir-1b (20$) dont le premier élément est inversé.  Très intéressant! En vidéo, un artiste a fait quelques expérimentations. https://vimeo.com/163344646

Je ferai des essais très bientôt avec la Hélios 103 (15$) sur la Sony A7, car ce type d’objectif est plus efficace sur un appareil sans miroir (près du capteur).

Expérimentation avec un objectif soviétique Hélios 44-2 modifié. J’ai supprimé le 2e élément à partir du devant de l’appareil et j’ai inversé la première lentille sinon je n’avais pas l’infini sur un Canon T3i. Le rendu est doux. Voici mes essais avec des individus, différentes qualités de lumière et de nuit. Il est parfait pour le portrait.

Avec le même objectif Hélios 44-2 modifié. J’ai supprimé le 2e élément à partir du devant de l’appareil et j’ai laissé la première lentille comme elle était à l’origine (position convexe).  Le rendu est complètement différent. Il est excellent pour faire de la macrophotographie et pour prendre des sujets qui sont plus proche qu’un portrait. Voici mes essais.

L’objectif soviétique 44-2 (normalement monté avec la caméra Zénit 122 – 30$). Si vous inversez le premier élément sur l’objectif, vous avez ce magnifique bokeh très prononcé! Ensuite, il s’agit uniquement de jouer avec la profondeur de champ. Voici photos de mes expérimentations réalisées ! Vous pouvez voir la vidéo suivante pour constater le même effet en vidéo. https://www.youtube.com/watch?v=fCxd9s-2CD4

Voici quelques expérimentations avec la PO-109-1a (50мм/1.2). Voici les modifications apparentes que j’ai fait subir à l’objectif. Il semble y avoir un bokeh atypique que je n’ai pas vu nul part. Très difficile à expliquer, car j’ai acheté l’objectif tel quel, alors qu’il était supposé être conventionnel! Je vis de très belles surprises.

Sites pour apprendre à faire ses propres objectifs:
Johnny optic’s DIY camera lens