Photographies
GENÈSE SUR MON PARCOURS PHOTOGRAPHIQUE
À 21 ans, j’ai fait mes débuts en photographie argentique à l’Université Laval (Québec, 2001) avec le professeur Richard Baillargeon. J’étais porté vers des expérimentations en tous genres avec le Nikon FM10. À ce moment là, je n’avais aucune idée que la pratique de la photographie allait devenir une importante quête visuelle et spirituelle dans ma vie. Je passais de nombreuses heures en chambre noire pour faire des collages, des assemblages et des effets photographiques. Lorsque j’ai achevé mon baccalauréat à l’université, j’ai cessé la photographie argentique jusqu’en 2007, puisque je m’investissais dans un autre champ artistique: l’art performance.
Après avoir complété ma maîtrise en art, j’ai renouvelé avec la photo. C’est là que j’ai exploré mes premiers portraits numériques dans des environnements préfabriqués pour l’occasion. Je cherchais à arrimer l’art performance, l’installation et la photographie afin de me rapprocher de la photo plasticienne. Avec mon Canon rebel T3i, je prenais des amis dans mon atelier à Chicoutimi. Mes délires photographiques m’ont amené quelques années plus tard en France à Sainte-Marie-aux-Mines (2013). Lors d’une résidence de 2 mois, j’ai photographié des étudiants dans des paysages souterrains.
Lors de ma vingtaine, j’avais peu d’argent pour m’équiper avec des objectifs de différentes focales et des appareils performants. La vitesse à laquelle évolue la technologie m’a fait comprendre que je devais trouver des solutions alternatives pour arriver à mes fins. La lecture de l’ouvrage La sage des sténopés m’a grandement ouvert l’esprit. J’ai commencé à apprendre à fabriquer mes propres objectifs maison. J’étais influencé par Mathieu Stern qui adaptait ses objectifs argentiques sur des boîtiers numériques. Je me suis alors procuré des objectifs soviétiques à faibles coûts entre 5$ et 70$ (Hélios 44-2, Hélios 40, Jupiter 11) afin de les adapter sur mon Sony a7. Ma recherche portait à construire un objectif qui a des qualités de floues et des effets tourbillonnent (à la manière du Petzval).
Mes recherches m’ont rapidement conduit vers les objectifs monocles et DIY qui déforment les côtés de l’image avec des aberrations optiques prononcés. Rencontrés sur des forums, Andrius Maciunas et Pierre Tizien m’ont grandement éclairé sur les adaptateurs et les formules optiques. C’est vraiment génial le partage de connaissance sur Internet.
En 2017, j’ai été engagé en tant que professeur en photographie argentique au Cégep Marie-Victorin (où j’y enseigne toujours). C’est par l’enseignement et la transmission de connaissance que j’ai compris que la chambre noire m’avait réellement manqué. Il y a une nette différence entre (re)travailler des photos derrière un ordinateur afin de les rendre « parfaites » et le charme du travail artisanal en l’argentique. Voulant partager ma passion et donner le désir aux étudiants d’explorer la photographie, j’ai initié un Club photo expérimental en mettant de l’avant la prise de vue, la débrouillardise et la créativité. Plusieurs personnes m’ont donné des appareils Kodak Brownie (1901-1960) et des objectifs, ce qui a favorisé mes explorations et la déconstruction d’objectifs. L’artiste Robbie Paquin m’a incité à faire le pas vers le moyen format (120 mm). Mes découvertes en moyen et grand format m’ont rapidement amené à fantasmer les épreuves de collodion humide.
Il y a eu deux éléments déclencheurs qui m’ont incité à m’immerger dans ce médium antique. Dans un premier temps, j’ai été fasciné par les vidéos de Borut Peterlin de Slovénie. Il insiste sur l’idée que l’artiste doit être prêt à tout pour vivre ses aventures amoureuses pour la photographie. Dans ses vidéos, il présente de longues péripéties en forêt à la recherche d’un fragment de paysage sauvage à capturer avec son appareil grand format. Sa philosophie et son processus artistique m’ont grandement interpellé parce qu’il rejoint ma vision et ma recherche. C’est en partie grâce à ses vidéos et une brève rencontre avec l’artiste à Paris à l’été 2019 que j’ai voulu apprendre la technique du collodion humide. Dans un deuxième temps, j’ai été complètement stupéfait devant les expérimentations photographiques de Sally Mann à Jeu de Paume (Paris, 2019). Sa recherche expérimentale est venue me saisir, puisqu’il y a une similarité avec les résultats que j’obtiens avec mes appareils modifiés et mes objectifs maison. Sa touche picturale m’a grandement inspirée à faire le saut.
À Montréal, j’ai pris un atelier avec le spécialiste Marcelo Troche. Par la suite, il m’a pris plus d’un an pour trouver et acheter le matériel pour faire ma chambre noire à la maison et réaliser mes premiers essais juste avant le début de la COVID-19. Le Conseil des arts et des lettres du Québec m’a financé à deux reprises pour m’aider à m’équiper en appareils photographiques (5×7 et 8×10), objectifs (Hermagis et Industar) et éclairages.
Durant la pandémie, j’ai beaucoup travaillé. J’ai réalisé plus de 150 plaques (des réussies et des ratées). Marcelo Troche est devenu un bon ami et m’aide à résoudre tous les problèmes que je rencontre. J’ai compris que lorsqu’on devient sculpteur de la lumière, le travail entièrement fait à la main engendre une panoplie de problèmes notamment avec des solutions chimiques. J’apprends énormément.
Je publie mon travail presque exclusivement sur mon site Web. Je travaille en souterrain afin de produire à mon rythme et à l’abri des yeux des autres. Le collodion humide est probablement le genre d’art qui me rend le plus heureux dans ma carrière d’artiste.
BIOGRAPHIE
Francis O’Shaughnessy est un artiste-chercheur dans le champ des arts visuels. Son axe de recherche porte sur l’amour (les discours à propos de l’inexprimable). Il opte pour une poésie visuelle ; une cérémonie artistique qui vise la conception du poème en tant qu’événement photographique. Il met en évidence des images qui expriment des résonances intérieures; des compositions qui permettent d’éveiller l’imaginaire d’un discours amoureux. Son travail fut présenté à Circa (Montréal, Canada), Langage Plus (Alma, Canada), Lieu d’Art et de Culture (Sainte-Marie-aux-Mines, France), à Palma Art Experience (Bogota, Colombie), au Musée des Beaux Arts d’Alūksne (Latvija, Lettonie), Estenotopias (Mexique et Chili) et au Centro de Desarrollo de las Artes visuales (Havane, Cuba). En 2023, il gagne le World Photo Annual Award 2023 (People’s Vote Award) et reçoit deux mention honorables au Analog Sparks International Film Photography Awards. En 2021, il est gagnant (2e place) au Luxembourg Art Prize (Luxembourg), gagnant du prix ForCGal (Lévis) et reçoit la Mention honorable Fine Art au Neutral Density Photography Awards (Londres). Ses photographies ont été sélectionnées au Prix national de l’Audace (France, 2013) et ont reçu la mention Originalité de la vision (Montréal, 2015). Il a été nominé dans la catégorie arts visuels pour la 7e édition de Fine Art Photography Awards (Londres, 2021) et la catégorie photo conceptuelle à la 3rd International Annual Photo Award au 35Award (Moscow, 2017, 2019). Ses recherches visuelles se retrouvent dans plusieurs collections privées et publiques. Son travail fut publié dans les revues Inter, art actuel, Zone Occupée, Spirale et L’oeil de la photographie. Il a un Baccalauréat de l’Université Laval, une maîtrise de l’UQAC et il est Docteur en études et pratiques des arts de l’UQAM. Il vit et travaille à Montréal (Canada).
Francis O’Shaughnessy is an artist-researcher in the field of visual arts. His research focuses on dreams. He opts for visual poetry: an artistic ceremony that aims at the conception of the poem as a photographic event. His work highlights poetic images that express inner resonances; compositions that awaken imaginative discourse. He has presented his work in Canada, France, Colombia, Latvia, Russia and Cuba. In 2021, En 2021, he was winner (2nd place) at Luxembourg Art Prize (Luxembourg) et winner of ForCGal Prize (Lévis). His photographs have been selected for the National Audacity Award (France, 2013), have received the Originality of Vision distinction (Montréal, 2015), and winner at ForCGal Foundation, (Québec, 2021). He has been nominated to the Fine Art Photography Awards (2021) and the 3rd International Annual Photo Award at 35Award (Russia, 2017). His visual research is housed in several private and public collections. He has a Bachelor’s degree from Laval University, a Master’s Degree from UQAC, and a Doctor of Arts Studies and Practices from UQAM. He lives and works in Montreal (Canada).
Photographe de performance
Contrats professionnels (plateaux de tournages, portraits individuelles ou de famille, événementiel, etc.)